Arthur Honegger

Arthur Honegger Né de parents zurichois qui favorisèrent sa vocation musicale, Honegger (1892 - 1955) reçut de son origine alémanique l'empreinte protestante, mais devint assez rapidement français de coeur et d'adoption. Il acheva d'ailleurs sa formation à Paris. C'est au Conservatoire qu'il rencontre Darius Milhaud pour qui son amitié sera constante. Peu après il adhèrera au fameux groupe des Six (Auric, Durey, Milhaud, Poulenc, Taillefer), tout en restant étranger aux principes esthétiques de ce mouvement : son esprit d'indépendance se manifestera dès le Roi David (1921) - ouvrage qui, avec Pacific 231, établit sa réputation internationale.

Ainsi demeurera Honegger : ennemi de tout système, se voulant pur artisan et musicien populaire, vouant un culte à Bach et à Beethoven, et cultivant volontiers les formes classiques. Son écriture, d'un lyrisme vigoureux, adopte des polyphonies complexes et tend vers un dramatisme qui fait regretter que Honegger n'ait pas composé véritablement d'opéras, si ce n'est la brève Antigone. De tous les compositeurs de la première moitié du XXe siècle, aucun n'a contribué de manière plus éminente à la renaissance de l'oratorio que ce musicien dont les grandes oeuvres chorales constituent, à côté des symphonies, la part la plus importante d'une oeuvre dépassant largement les deux cents numéros d'opus. Contrairement à ses camarades du groupe des Six, Poulenc et Milhaud, Honegger ne nous laisse aucune oeuvre pour choeur a capella.

Paul Claudel Jeanne d'Arc au Bûcher est la première oeuvre écrite en commun avec Paul Claudel (1868 - 1955) : cette rencontre devait s'avérer capitale, à la fois pour la carrière publique du compositeur que pour sa santé morale, le triomphe de cette oeuvre le sortant d'un marasme dépressif. L'intuition extraordinaire de Claudel a été celle de la chronologie à rebours, du renversement du temps jusqu'à l'instant primordial où présents terrestre et spirituel vont se rejoindre dans le feu dévorant, en cet instant suprême où ceux qui vont mourir voient se déployer tous les événements de leur vie, à qui sa conclusion imminente confère un sens définitif. Ce livret est plus qu'un prodigieux support pour la musique, c'est un véritable scénario complet, au sens cinématographique, unique en son genre. Aussi comprend-on l'enthousiasme avec lequel le compositeur se mit à la tâche. D'une modestie excessive, il devait déclarer par la suite : "L'apport de Claudel a été si grand que je ne me reconnais pas comme l'auteur véritable, mais comme un simple collaborateur. Encore fallait-il un compositeur aussi réceptif que Honegger, aussi accordé à la sensibilité du poète, pour que cette extraordinaire osmose s'accomplisse.